JOHANNE FOURNIER
Le Soleil, le 25 septembre
Dur lendemain pour les sinistrés de Fiona aux Îles-de-la-Madeleine
Dur lendemain pour les résidents des Îles-de-la-Madeleine, dimanche, après le passage de lʹouragan Fiona, qui a laissé derrière lui dévastation, désolation et chagrin. L’heure est au ramassage et aux réparations pour les Madelinots. Pour les sinistrés, c’est le constat des dégâts causés par la puissance des vents et par la mer qui a inondé, voire déplacé leur habitation ou bâtiments.
C’est le cas de Docile Boudreau, dont le chalet familial, qu’elle avait construit avec son père il y a 40 ans, a été détruit par la mer et le vent. Lʹhabitation de deux étages a complètement été sectionnée. Il ne reste plus rien du premier étage, sauf des amas de matériaux ici et là.
Le deuxième étage a été déporté d’une quarantaine de pieds, en plus de s’être retourné de 90 degrés. «Je ne suis même plus certaine qu’il se trouve encore sur mon terrain», sʹexclame Mme Boudreau.
Beaucoup de dommages
Lors du passage du Soleil, la dame de Havre-aux-Maisons tentait de récupérer des objets. Étrangement, les meubles et accessoires divers de lʹétage sont à peu près intacts. Dans les débris de lʹétage inférieur, son conjoint Alain Richard a trouvé le comptoir de cuisine en céramique inaltéré. Les portes à carreaux et un module de jeux pour enfant, qui avaient été entrés à lʹintérieur en prévision de la tempête, n’ont subi aucun dommage.
Si certain items sont récupérables, Mme Boudreau est néanmoins consciente que la structure de son chalet est une perte totale. «Ce chalet, c’était une histoire d’amour familiale, confie-t-elle en entrevue exclusive avec Le Soleil. Il y a tellement de souvenirs qui disparaissent avec lui.»
Affectée, mais résiliente
Si elle est très affectée par ce sinistre, la propriétaire démontre néanmoins beaucoup de résilience, même si elle n’était pas assurée. C’est sans doute parce que lʹinfirmière retraitée n’en était pas à sa première tempête, dʹautant plus que la même habitation avait déjà subi les assauts de Dorian en 2019.
La toiture avait dû être refaite, en plus de quelques autres réparations. «Il faut croire que la toiture était solide puisquʹelle a tenu le coup», rigole la propriétaire.
Après les tâches engendrées par les ravages de Fiona sur sa résidence secondaire, Docile Boudreau s’en allait vérifier son voilier de 27 pieds, amarré au quai de Havre-Aubert. «On m’a dit qu’il n’avait pas subi de dommages. Mais je vais aller voir moi-même.»
Lui aussi, il avait subi les affres de la tempête de 2019. «Je l’avais acheté la même année que Dorian, raconte la navigatrice. C’était le rêve de ma vie. Cinq jours après, il s’est fait défoncer par lʹarrière et il a coulé à cause de Dorian. Mon chum, tête brûlée qu’il est, il l’a réparé et il est plus solide qu’avant!»
D’autres sinistrés racontent
En préparation du passage de lʹouragan, Claude Poirier, qui possède une petite maison mobile sur le terrain voisin de Docile Boudreau, n’a pas pris de risque. «Je l’ai déménagée pour la mettre à lʹabris», raconte-t-il, en constatant le désordre causé par la tempête à son patio bien ancré dans le sable.
Dans le secteur de La Martinique, le chalet de Gilbert Chiasson a complètement été éventré par lʹouragan. Avant que la marée ne baisse et que la mer ne se retire, la petite habitation jaune flottait, témoigne l’un des voisins. Le réfrigérateur et une partie du contenu du logis ont échoué à une centaine de pieds plus loin, en contrebas de la route.
«Il ne restera qu’à mettre la pelle dedans», a fait pour seul commentaire le propriétaire. Étonnamment, la vaisselle, qui se trouvait dans une armoire exposée aux grands vents, ne présentait pas un seul bris.