Patrick Duquette, Le Droit

9 septembre 2022

La parité avec l’Ontario, un jeu risqué

La députée sortante et candidate du PLQ dans Hull, Maryse Gaudreault. – Le Droit, Simon Séguin-Bertrand

CHRONIQUE / Ainsi, pour stopper lʹexode des infirmières québécoises vers la province voisine, les libéraux proposent la parité des salaires avec l’Ontario.

La proposition a du mérite: jʹy reviendrai.

Avant, j’ai une question pour les libéraux: pourquoi ne pas avoir proposé la parité plus tôt?

L’exode des infirmières vers l’Ontario n’est pas un phénomène nouveau: il défraie la manchette depuis au moins deux décennies en Outaouais.

Pendant cette période, le Parti libéral du Québec a eu les « les mains sur le volant » presque sans interruption pendant 15 ans…

Jamais je ne les ai entendus faire cette proposition auparavant.

Au contraire, quand Gilles Taillon, candidat de la défunte ADQ de Mario Dumont aux élections de 2007, a proposé dʹoffrir la parité salariale avec l’Ontario, les libéraux l’ont rejetée du revers de la main.

« L’Ordre des infirmières n’est pas d’accord avec ça », avait tranché la libérale Maryse Gaudreault à l’époque. Quinze ans plus tard, ironique de voir ces mêmes libéraux recycler une vieille proposition de l’ADQ alors que les sondages leur laissent peu de chances dʹaccéder au pouvoir.

***

Sur le fond, comme je le disais, ce n’est pas une mauvaise idée en soi, cette parité salariale.

Toute mesure pour aider à retenir les infirmières déjà en place et à en recruter de nouvelles sera la bienvenue.

La parité salariale avec l’Ontario mʹapparaît comme un incitatif plus intéressant que les primes offertes aux infirmières par le gouvernement Legault.

Les primes de la CAQ sont compliquées à obtenir et suscitent la jalousie des autres professions médicales qui en sont privées.

Bien sûr, lʹargent ne règlera pas tout.

Ce sont les infirmières elles-mêmes qui nous le disent.

Si elles partent pour l’Ontario ou réorientent leur carrière, c’est bien souvent parce qu’elles en ont marre de ne plus avoir de vie personnelle.

Marre de faire des heures supplémentaires qui les empêchent de voir leurs enfants.

Marre d’avoir peur de sʹendormir au volant parce qu’elles ont dû compléter un quart de travail de plus.

Marre de se pousser continuellement à bout, au point de redouter de commettre une erreur médicale.

Plus le réseau de la santé perd d’infirmières, plus la tâche devient lourde pour celles qui restent.

C’est un cercle vicieux dont il devient très difficile dʹémerger pour le CISSS de l’Outaouais.

***

Les libéraux évaluent le coût de la parité salariale avec l’Ontario à 60 millions par année.

Une grosse somme.

Mais cette dépense en vaudrait largement la chandelle, si on obtenait lʹassurance qu’elle retiendrait plus d’infirmières en Outaouais et améliorait les conditions de travail.

Or, rien n’est moins sûr.

Aussi en pénurie de main dʹœuvre, l’Ontario ne restera pas les bras croisés si le Québec hausse le salaire de ses infirmières. La province de Doug Ford a les moyens de surenchérir sur les salaires.

Et au jeu de la surenchère, la quatrième ville d’une province a peu de chances de lʹemporter contre la capitale d’un pays.

Il y amatière à réflexion!

Question de vérification

Selon l’auteur, qu’est-ce qui est ironique dans cette situation?

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